Construisez votre Démarche de Continuité d’Activité
Suite à l’incendie d’un des sites industriels de la société SOVIPOR LA TRINITAISE dont il était responsable au titre de DG de transition, Christophe SIMON nous livre ici son témoignage sans censure de ce qu’il a vécu. Un moyen de sensibiliser dirigeants et chefs d’entreprise d’organisations publiques et privées à l’importance de lancer une démarche garantissant la continuité de leur activité quel que soit le risque identifié.
En tant que Directeur Général de la société SOVIPOR à la Trinité Porhoët dans le Morbihan (produits de la transformation de la viande de dinde), mon objectif était de rééquilibrer les résultats de l’entreprise et de trouver un repreneur.
Située sur 2 sites (La Trinité Porhoët (56) et Merdrignac (22)), l’entreprise perdait de l’argent depuis quelques années.
Dès mon arrivée, j’ai mis en place un plan d’actions de relance en m’inspirant du formalisme du PCA (Plan de continuité d’activité).
Ce plan était centré sur deux axes principaux :
- Un plan d’épurement de la gamme produits et une gestion serrée de la trésorerie,
- Une optimisation de la production (TRS, optimisation des moyens, déménagement sur un seul site MERDRIGNAC).
“La méthodologie et la philosophie du PCA m’ont aidé dans la construction du plan de redressement”
Le formalisme du PCA permettait de structurer la démarche et de finaliser un plan d’actions avec une time line, des indicateurs et des échéances pré-établies.
Le lancement du PCA nous a apporté des perspectives d’autant que le marché était dynamique et que les prix étaient plutôt élevés.
Le 16 août 2020, un événement allait tout remettre en cause. Une partie de l’usine de Merdrignac disparaissait dans un incendie.
L’activité en cause représentait 27% du CA. Après le choc, le lendemain matin, je me retrouvais dans la situation suivante :
- L’entreprise perd 27% de son activité avec un carnet de commande client et un carnet de commande fournisseurs
- Une équipe de 19 personnes sans travail
- Un dossier d’assurances à constituer dans sa complexité
- Une filière à trouver pour absorber la matière première produite par la Trinité Porhoët.
Et surtout aucun plan de reprise d’activité envisageant cet événement (aucune analyse de risque n’avait été faite avant l’événement). Il m’a fallu mobiliser mon équipe pour imaginer et constituer un PRA (Plan de Reprise d’Activité), reconstituer les informations nécessaires (particulièrement pour les assurances), élaborer en urgence plans d’actions commerciales, plans d’actions industrielles et surtout plan de sauvegarde financière de l’entreprise. Et ceci post événements, sous la pression de l’urgence.
Les conséquences ont été la mise sous pression des équipes, l’incertitude sur l’emploi (y compris par les pouvoirs publics), la tension dans les relations avec les partenaires, clients et fournisseurs.
“L’un des maîtres mots que je retiens de cette expérience est ANTICIPATION.”
Nous avions élaboré notre plan d’actions de redressement en prenant qu’une partie du PCA. Nous avions par manque de temps, par l’urgence, oublié l’une des composantes essentielles du PRA, l’anticipation des crises.
Le matin de l’incendie, sans la structuration d’un PRA, il m’a fallu mobiliser mon équipe dans l’urgence pour prendre des décisions « lourdes » sans le recul nécessaire.
Il a donc fallu improviser et imaginer les actions et l’organisation de celles-ci, leur mise en place et leur priorisation.
Le manque d’une méthode prévisionnelle type PRA s’est fait rapidement sentir.
Le PRA, élément constitutionnel d’un PCA, permet en effet d’analyser les risques et de décrire les actions indispensables à mettre en œuvre à la suite de l’apparition d’un événement.
Concrètement, le PRA nous aurait permis :
- De déclencher une cellule de crise préalablement désignée avec des acteurs ayant chacun une feuille de route précise et de mobiliser les collaborateurs plus efficacement,
- De mettre en œuvre rapidement une organisation en mode dégradé sans perte de temps de production,
- De répondre plus rapidement aux demandes des autorités administratives sanitaires et sociales (documents obligatoires, …) et aux experts des assurances,
- De déployer une communication efficace et maitrisée, en interne et en externe,
- De minimiser la rupture clients, …
- Et donc de minimiser les pertes financières.
La leçon que je tire de cette expérience est qu’il est utopique de chercher à tout prévoir. Néanmoins, il existe des méthodes qui permettent de circonscrire les risques potentiels auxquels nous pouvons tous être confrontés (incendie, crise sanitaire…) : la méthodologie PCA / PRA.
Christophe SIMON